A short story in French, English and Spanish
Une histoire de mon livre édité originalement en Espagnol Enigmas de la Esfinge
Café Concert
Peut-être ne suffit-il pas de dire que je l’ai vu appuyé sur sa main réfléchie, bourré d’un costume en cuir noir, d’une veste, d’un pantalon, de bottes. Une ceinture aussi noire, et ses lunettes intellectuelles, là, dans un coin du café illuminé de la ville.
Son regard a transpercé mon âme et m’a découvert. Ensuite, nous commençons un jeu subtilement érotique d’allers et venues.
Il m’a regardée et je me suis cachée, je l’ai regardé et il m’a regardée, et vêtue d’un pull noir, je me suis cachée de nouveau à ses yeux, ceux qui étaient coincés dans les miens pendant quelques instants, quelques secondes avant que d’autres nous découvrent in fraganti.

Je sentais les cerises rouges froides glisser le long de mes lèvres et son regard brûlant.
Mais je suis sortie.
Je me suis échappée de ce feu brûlant vers la prairie fraîche, bordée de peupliers caillés de rosée. L’été était à son degré le plus humide. La pluie tombait et me mouillait les joues, encore chaudes et rouges. Puis j’ai pensé que je ne le reverrais plus jamais. Je ne connaissais ni son prénom, ni son numéro de téléphone. S’il travaillait ou non, où il vivait ou s’il était d’ici ou de là ou d’où. Son regard était resté sur ma peau et il me réchauffait encore.
Je n’avais pas du froid, juste un léger tremblement.

Je suis revenue. Il était toujours assis à côté de son partenaire à la même table. J’ai écrit mon numéro portable sur un morceau de papier et pendant que je réfléchissais à la façon de le lui faire parvenir incognito, il est descendu les escaliers et est passé près de moi sans me voir, avec cette femme qui, à l’intérieur d’un manteau de velours noir, ressemblait à une pêche macabre.
Ils sont partis.
J’ai quand même essayé de réfléchir à la façon de lui procurer le petit papier avec mon numéro, mais je me suis retenue. Je l’ai vu s’éloigner et je croiaies que j’allais le perdre sans l’avoir trouvé. J’ai marché un peu. J’ai pris un taxi et l’ai dirigé vers l’endroit où je supposais qu’ils allaient.
Personne.
J’ai pressé le petit morceau de papier et l’ai jeté au fond de mon sac. Là où les rêves se terminent.
Je suis rentrée chez moi et j’ai transcrit l’histoire pour qu’au moins ce soupir perdure avec le temps.
Par: Rossemarie Caballero, auteur Bolivienne
Café Concert, A little bit erotic story
A little bit erotic short story from my book Enigmas de la Esfinge
By Rossemarie Caballero from Bolivia
Perhaps it is not enough to say that I saw him leaning on his thoughtful hand, stuffed in a black leather suit, jacket, pants, boots. A belt also black, and his intellectual glasses, there, in a corner of the illuminated café of the city.
His gaze pierced my soul and discovered me. Then we start a subtly erotic game of comings and goings. He looked at me and I hid, I looked at him and he looked at me, and dressed in a black sweater I hid again from his eyes, those that were stuck in mine for just moments, just seconds before others discovered us in fraganti.
I felt the cold red cherries slipping down my lips and his burning gaze.

But I got out.
I got out of that burning fire and ran to the cool meadow, lined with poplars curdled with dew. Summer was at its wettest degree. The rain was falling and wetting my cheeks, still warm and red. Then I thought I would never see him again. I didn’t know his first or last name, or his phone number. Whether he worked or not, where he lived or whether he was from here or there or from where. His gaze had stayed on my skin and it warmed me yet.
I didn’t feel cold, just a slight tremor.
I came back. He still sat next to his partner at the same table. I writted down my portable number on a piece of paper and while I was thinking about how to get it to him incognito, he went down the stairs and passed by me without seeing me, with that woman who inside a black velvet coat looked like a macabre peach.
They left.
I still tried to think about how to give him the little paper with my number, but I held back. I saw him walk away and suspected I would lose him without having found him. I walked a little. I took a taxi and directed it to where I assumed they were going.
No one.
I squeezed the little piece of paper and threw it at the bottom of my bag. Where dreams end.
I returned home and transcribed the story so that at least this sigh would endure over time.
- From the Book Enigmas de la Esfinge y otros relatos. Spanish edition by Rosse Marie Caballero Vega, Bolivia, 2007

Spanish edition in Bolivia
Café Concert
Tal vez no baste con decir que lo vi apoyado sobre su mano pensativa, embutido en un traje de cuero negro, chamarra, pantalones, botas. Un cinturón también negro, y sus espejuelos de intelectual, allí, en un rincón del iluminado café de la high.
Su mirada atravesó mi alma y me descubrió. Entonces iniciamos un juego sutilmente erótico de idas y venidas. Él me miraba y yo me escondía, yo le miraba y él me miraba, y vestida con un cisne negro me escondía nuevamente de sus ojos, esos que se clavaban en los míos por apenas instantes, apenas segundos antes de que otros nos descubrieran in fraganti.
Sentí las frías cerezas rojas resbalar por mis labios y su mirada ardiente.
Pero salí.
Salí de aquel fuego que me quemaba y corrí hasta el prado fresco, bordeado de álamos cuajados de rocío. El verano estaba en su grado más húmedo. La lluvia caía y mojaba mis mejillas, aún cálidas y enrojecidas. Entonces pensé que nunca lo volvería a ver. No conocía su nombre ni su apellido, ni su número de teléfono. Si trabajaba o no, si dónde vivía o si era de aquí o de allá o de dónde. Su mirada se había quedado en mi piel y me entibiaba.
No sentía frío, solo un leve temblor.
Volví. Él todavía permanecía sentado junto a su pareja en la misma mesa. Anoté mi número de portable en un pedazo de papel y mientras pensaba cómo hacérselo llegar de incógnito, él descendió por la escalera y pasó junto a mí sin verme, pegado a la mujer que dentro de un abrigo de terciopelo negro semejaba un durazno macabro.
Se fueron.
Todavía intenté pensar cómo hacerle llegar el papelito con mi número, pero me contuve. Lo vi alejarse y sospeché que lo perdería sin haberlo encontrado. Caminé un poco. Tomé un taxi y lo dirigí hacia donde suponía ellos iban.
Nadie.
Yo Estrujé el papelito y lo tiré al fondo de mi bolso. Allí donde terminan los sueños.
Llegué a casa y transcribí la historia para que al menos este suspiro perdure en el tiempo.

Grupo Editorial Kipus, Cochabamba 2007
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